Canada : plongée au cœur du terminal d’exportation de céréales de Vancouver

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Canada : plongée au cœur du terminal d’exportation de céréales de Vancouver

Laure Théron, éleveuse en ovin lait et lauréate de la bourse Nuffield 2023, a visité le gigantesque terminal d’exportation de céréales G3 dans le Port de Vancouver. Elle témoigne et s’interroge sur l’investissement financier et le coût énergétique de fonctionnement d’un tel équipement.

Débarquée à Vancouver sur la côte ouest du Canada en Colombie-Britannique, je rencontre plus de 80 « scholars» Nuffield de différents pays : Angleterre, Australie, Irlande, Chili, Allemagne, Pays-Bas… avec des profils variés du monde agricole: chercheurs, vétérinaires, consultants… et des sujets d’études tout autant diversifiés.

Une visite m’a particulière marquée : le terminal G3 (Global Grain Group) d’exportation de céréales de Vancouver. Il a pour objectif la mise en place d’une chaine d’approvisionnement en céréales de l’ouest canadien des champs de culture au port.

Les céréales, principalement du colza et du blé, sont acheminées par trains au terminal G3 de Vancouver, qui peut accueillir jusqu’à 3 trains de 150 wagons contenant chacun 100 tonnes de céréales. Les trains suivent un circuit pré-défini dans le terminal et sont déchargés automatiquement au fur et à mesure de leur avancée en moins de 8 heures. Puis, les wagons repartent vers les silos de collecte répartis dans la campagne de l’ouest canadien. Ce système de boucle permet de réduire considérablement le temps nécessaire de transport.

La capacité de stockage sur site est de 180 000 tonnes de grains réparties dans 48 silos en béton.  Au port du terminal, des navires de type Panamax d’une capacité de 60 000 tonnes peuvent être chargés en 36 heures pour livrer leurs cargaisons dans le monde entier.

Le terminal possède sa propre ligne de nettoyage, dont une technologie de pointe d’atténuation de la poussière. De plus, des contrôles de qualité et de traçabilité aux normes strictes sont mis en place pour assurer la qualité des livraisons.

Les navires arrivent vides et les trains repartent vides, il n’y a pas de rétro-chargement.

78 personnes travaillent sur le site. Devant ce seul port d’une superficie de 20 hectares se déroule tous les marchés mondiaux de céréales de l’ouest canadien.

En comparaison avec l’Aveyron

Je suis agricultrice au cœur de l’Aveyron en ovin lait pour Roquefort. L’alimentation du troupeau à base d’herbe, de fourrages et de céréales doit provenir au moins aux trois quarts de l’aire de Roquefort, soit environ 100 km autour des célèbres caves d’affinage du Roi des Fromages. Ce territoire ressemble à un grain de sable face à l’immensité du Canada.

Sur mon exploitation de 400 brebis laitières, environ 60 tonnes de céréales sont produites, stockées, et auto-consommées pour une campagne laitière (année civile). Ce gigantesque terminal peut donc contenir le stockage en céréales de 3 000 exploitations comme la mienne !

Ce terminal mis en service en 2020 est à l’image de cette ville moderne et dynamique qu’est Vancouver : un concentré d’intelligence autour d’un réseau de manutention permettant de relier les champs de récolte au port d’exportation.

Cette récente installation amène à s’interroger sur l’investissement financier et le coût énergétique de fonctionnement d’un tel équipement à l’heure où l’agriculture doit se tourner vers toujours plus de résilience.

Alors que l’AOP Roquefort fêtera ses 100 ans en 2025, qu’en sera-t-il du terminal G3 de Vancouver ?


Conception : Toutanck